H.Bourguiba Junior raconte une page de l’histoire des relations entre la Tunisie et les U.S.A

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En effet, en février 1961, le président Kennedy venait de prêter serment et je fus le premier ambassadeur à lui présenter mes lettres de créance ;  nous nous connaissions depuis 1957, lorsque j’étais Conseiller d’ambassade  alors qu’il était sénateur.

Cette première mission -(1956-1957)- s’effectuait alors que l’on était en pleine guerre d’Algérie : Au printemps 1957, le sénateur J.F.Kennedy qui s’intéressait à ce problème voulut me rencontrer. JE lui  ai rendu visite au Sénat et j’ai répondu aux questions, nombreuses et pertinentes  qu’il  m’a posées. Quelques  semaines plus tard, il a prononcé, au Sénat, un discours qui eut un grand retentissement, à Paris et Alger d’où le gouverneur Robert Lacoste, furieux, déclara publiquement que c’était le «  petit con de Bourguiba Jr.qui avait écrit le discours de Kennedy » ! Quand l’agence   France-Presse me demanda mon sentiment  sur ces déclarations je répondis que le gouverneur Lacoste m’honorait beaucoup, en m’attribut la paternité de ce discours ; quant au sénateur Kennedy, il était assez grand pour avoir ses idées sur la France, sur la guerre d’Algérie et sur le monde, que de toute façon, je ne pouvais lui écrire ses discours, ne maitrisant pas suffisamment l’anglais !

Lorsque j’arrivai à la maison Blanche, on m’introduisit dans un salon d attente : une porte s’ouvrit et que je fus interpellé par un « Hello, Habib »  Le président Kennedy me traita très amicalement se souvenant de nos entretiens de 1957. Il me dit : « Je crois que nous vivons tous les deux, vous et moi , moment unique dans notre vie .Vous  êtes le fils d’un Président, ambassadeur auprès d’un Président, fils  d’un ambassadeur, et je ne sais pas comment faire pour recevoir vos lettres. Vous allez me l’expliquer ! » Je lui expliquai qu’il fallait faire semblant de les recevoir, faire semblant  de les ouvrir, de les lire, de les accepter et enfin, les confier à son secrétaire. C’est ainsi que je lui ai « appris » à recevoir des lettres de créance, entre deux sourires complices

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En ce début de 1961, Washington, Bouillonnait, les yeux braqués sur les «  nouvelles frontières » que lui avait assignées très vite le Président Kennedy, qui avait réuni autour de lui, une équipe de jeunes talents tous azimuts. J’avais, de mon coté autour de moi une équipe  de grand qualité : Ismail Khalil, Farid Meherzi, Brahim Hayder ; chacun d’eux s’était arrangé pour se mettre dans les « bons papiers » de nombreuses personnes influentes ou proches du Président. Ainsi avions-nous accès, par des moyens indirects, rapides et faibles, à l’hôte de la maison Blanche.

J’ai eu l’avantage, lors de ma nomination en tant  que qu’ambassadeur de Tunisie aux États-Unis, succédant à Mongi Slim, de préparer la visite du président en Amérique du Nord, en mai 1961. J’ai failli rater l’arrivé de mon père à Montréal parce que je n’avais pas tenu compte des changements d’horaire d’été. Je suis arrivé juste à temps pour l’accueillir à l’aéroport et les choses se sont bien déroulées. Le gouverneur général  Vannier , à qui j’avais  présenté mes lettres de créance qeulques semaines plus tôt  a reçus avec beaucoup d’égards…

A ce sujet, me revient une anecdote amusante : le premier ministre  John Diefenbaker, avait déclaré devant le parlement canadien , qu’il avait l plaisir d’annoncer qu’il avait donné l’agrément à l’accréditation de Monsieur Habib Bourguiba Jr. Auprès du canada et, d’annoncer dans la foulée , l’invitation acceptée par le président Habib Bourguiba Senior ! pour la première et unique fois, on a tenue compte de moi comme la référence. J’avais été nommé le premier.

La visite fut un succès au Canada et trois jours plus tard, ce fut la grande réception à Washington.

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