Mon introduction :
Mon introduction sera brève, afin de permettre à chacun, je l’espère, de profiter de cette occasion pour prendre la parole et peut-être partager son propre vécu.
Je tiens à remercier chaleureusement la Fondation Ali Chaieb pour les sciences, la culture et la communication, organisatrice de cet événement culturel, ainsi que Si Ali Ben Amor pour le travail accompli dans l’édition et la présentation de mon petit livre — que certains d’entre vous ont pu recevoir ou pourront acquérir en hommage. Je remercie également l’hospitalité généreuse de l’hôtel Hasdrubal – Thalasso Kantaoui, qui m’a offert l’honneur et le plaisir de vous présenter mon dernier ouvrage. C’est une réelle joie d’être parmi vous.
Une seconde version de ce petit livre existe en italien. Y aura-t-il bientôt une version arabe ? Je l’espère.
Mon parcours n’a pas été exempt de taches, comme celui de tout un chacun. Comme tout homme, j’ai évolué, changé d’opinions et de penchants. Le mensonge fait aussi partie de la nature humaine. J’aimerais cependant que le lecteur retienne que j’ai tenté de laisser l’image d’un Tunisien, d’un homme, à l’instar d’autres figures qui ont eu la chance de s’épanouir et de contribuer au bien de notre communauté.
Qu’ils retiennent que les idées de progrès ont une portée universelle, et que la conduite de la vie personnelle exige :
* la liberté individuelle des consciences,
* le respect des droits et devoirs individuels,
* le sens des responsabilités,
* l’amour fraternel et la solidarité entre citoyens.
Quant à la conduite des affaires publiques, elle repose sur :
* la séparation entre les affaires de l’État et celles de Dieu,
* le respect des droits et devoirs de l’État.
Parmi toutes les constitutions politiques possibles, la meilleure est celle qui reconnaît et garantit en priorité absolue **les besoins fondamentaux de l’homme** :
le savoir, la santé, un logement salubre et confortable, la mobilité, la préservation et l’amélioration de l’environnement, un comportement éduqué et énergique, l’égalité, la justice, ainsi qu’un travail rémunéré à sa juste valeur.
Et non pas une identité douteuse, dite arabo-musulmane, imposée par les circonstances, dont le rayonnement s’est affaibli depuis des siècles, tandis que le reste du monde avance à grands pas.
Nous sommes donc réunis pour réfléchir fraternellement sur un parcours qui est à la fois une méthode de raisonnement — un mélange, me dit-on, entre une approche analytique (issue des études) et humaniste — alliée à un esprit critique marqué et, en même temps, à une certaine liberté irrévérencieuse.
Le parcours esquissé dans mon livre a surtout pour but de conduire auteur et lecteur à s’interroger sur le sens de la vie.
On nous donne la vie un jour, quelque part, dans un contexte géographique et social donné, et on nous la reprend souvent sans notre consentement. On continue à vivre tant bien que mal, tant que nos besoins fondamentaux, tels que je les ai énoncés, sont assurés.
Au contraire, le sens de la vie s’apprend au fil du chemin, à travers ce qui nous entoure ou les autres, quand on a des yeux, des oreilles, des jambes, un visa, et quelques moyens suffisants.
Le meilleur sens de la vie s’obtient, convenons-en, par une connaissance approfondie de notre environnement et des autres, ainsi que par la nature et la qualité du chemin emprunté.
Un chemin que seul un maître peut esquisser au départ ou que la déesse Fortune peut indiquer.
C’est sur ce chemin de la connaissance que l’on découvre le sens de la vie, quand on peut s’y aventurer librement.
La vie a peu de sens sans la libre aventure de l’esprit.
La liberté est la condition même de la connaissance et de la créativité.
En définitive, c’est la quantité de création agréable et/ou utile au progrès de l’homme, à l’amélioration de la société et à la sauvegarde de l’environnement qui donne un sens à la vie.
Certes, il est plus facile de donner un sens à la vie quand il reste peu de temps à vivre, quand peu d’espoir subsiste de voir germer ce que l’on a planté et d’en récolter les fruits.
On peut alors parler du sens de la vie **vécue**, avec ses déboires et ses fortunes, et aussi du sens de la vie **à vivre encore**, si courte soit-elle.
Mais les jeunes vivent surtout d’espoir : au début du chemin, tout semble à portée de main.
Permettons que cet espoir ne soit pas vain grâce à l’amélioration des sources du savoir et des **pratiques exemplaires.
Donner un sens à la vie est aussi un message de paix**, en cette période actuelle où une crise en remplace une autre, approfondissant les inégalités entre pays, classes sociales et individus.
Sachant qu’il ne peut y avoir de paix dans un monde gouverné par des obscurantistes, des arrogants et des égoïstes, adorateurs du Dieu Argent.
Je vous remercie encore d’avoir répondu à l’appel de la Fondation Ali Chaieb, et de m’avoir écouté dans une langue — le français — un trésor que le Protectorat nous a légué, au-delà de tous les forfaits qu’il a pu commettre, et que nous n’avons pas su valoriser.
Je ne voudrais pas prendre davantage de votre temps.
Je m’arrête ici, heureux de recueillir vos éventuelles interventions et de pouvoir peut-être répondre à vos questions.
Encore une fois, merci. **Chokran !**
Hotel Hasdrubal-Thalasso Kantaoui
Présentation du livre : Un personnage, un espace méditerranéen, une époque de Touhami Garnaoui
