24 février 2023
Présentation du livre: « Un personnage, un espace méditerranéen, une époque » de Touhami Garnaoui
Mon introduction:
« Mon introduction sera brève, pour permettre à chacun, j’espère, de profiter de cette occasion pour prendre la parole, et parler peut-être de son propre vécu.
La bienveillance de la Fondation Ali Chaieb, pour les sciences, la culture et la communication, organisatrice de cet évènement culturel, le travail fourni par si Ali Ben Amor pour assurer l’édition et la présentation de mon petit livre que certains d’entre vous ont pu avoir ou pourront l’avoir en hommage ou l’acheter, et la généreuse hospitalité, enfin, de l’hôtel Hasdrubal – Thalasso Kantaoui, en me permettant de vous présenter mon dernier petit livre, m’ont réservé un honneur et un plaisir bien précieux pour moi. Je tiens à les en remercier tous vivement. C’est une joie réelle de me trouver parmi vous.
Il existe une seconde version de ce petit livre en langue italienne. Y en aura-t-il, un jour prochain, une version en arabe aussi ? Je l’espère.
Mon parcours dans la vie n’a pas été sans tache, on s’en doute bien. Comme tous les hommes, je suis sujet à changements aussi bien dans mes opinions que dans mes penchants. Il arrive aussi de mentir, car le mensonge est le propre de l’homme. J’aimerai, cependant, savoir que le lecteur a retenu ou retiendra que j’ai essayé de laisser de moi une image d’un tunisien, d’un homme, comme d’autres figures qui ont eu beaucoup de chance et qui ont su aussi l’exploiter pour leur propre bien et le bien de notre communauté, qui retiennent que les idées de progrès ont une application et une applicabilité universelles, c’est-à- dire que la conduite de la vie personnelle exige la liberté individuelle des consciences, le respect des droits et devoirs individuels, le sens des responsabilités, l’amour fraternel et la solidarité qui doivent lier les citoyens, que la conduite des affaires du monde passe par la séparation entre les affaires de l’Etat et les affaires de Dieu, le respect des droits et devoirs de l’Etat, que de toutes les constitutions politiques, pour assurer le bonheur individuel et social, la meilleure est de loin celle qui reconnait et exige d’assurer en priorité absolue les besoins primordiaux de l’homme (le savoir, la santé, le logement salubre et confortable, la mobilité, la conservation, le respect et l’amélioration de l’environnement, le comportement éduqué et énergique de chacun, l’égalité, la justice, le travail rémunéré à sa juste valeur), et non pas une identité douteuse arabo-musulmane, imposée par les circonstances, dont le rayonnement s’est bien affaibli depuis des siècles, pendant que le reste du monde avance à pas accélérés.
Nous voici donc réunis pour nous interroger fraternellement sur un parcours qui est à la fois un mode de raisonner, un mixte, me dit-on, entre une approche analytique, du fait des études, et humanistique à la fois, uni, au sens large, à un fort esprit critique et, en même temps, à un certain degré de liberté irrévérencieuse.
Le parcours que j’ai tracé rapidement dans mon petit livre a surtout pour objet de conduire aussi bien l’auteur que le lecteur à s’interroger sur le sens de la vie. On nous donne la vie, un jour, quelque part, dans un certain milieu géographique et social, et on nous la reprend, souvent sans notre volonté non plus. On continue à vivre tant bien que mal, tant que nos besoins primordiaux tels que je les ai énoncés continuent à être assurés. Au contraire, le sens de la vie est une chose qu’on apprend, chemin faisant, autour de nous, ou chez les autres, quand on a des yeux des oreilles, des jambes, un visa et quelques moyens assez suffisants. Le meilleur sens de la vie, on voudra bien en convenir, s’obtient par une meilleure et plus profonde connaissance de notre environnement et des autres, et aussi par la nature et la qualité du chemin emprunté, un chemin qui ne peut être esquissé au départ que par un Maitre, ou indiqué par la déesse Fortune. C’est sur ce chemin de la connaissance que l’on rencontre le sens de la vie. Quand on peut s’y aventurer librement. La vie n’a que peu de sens sans la libre aventure de l’esprit. La liberté est la condition même de la connaissance et de la créativité. En définitive, c’est la quantité de création agréable et/ou utile pour le progrès de l’homme, l’amélioration de la société, et la sauvegarde de l’environnement. Certes, il est plus facile de donner un quelconque sens à la vie, quand il reste peu de temps à vivre, quand il reste peu d’espoir de voir germer ce qu’on plante, et en cueillir les fruits, on peut parler du sens de la vie vécue, avec ses déboires et ses fortunes, et aussi du sens de la vie à vivre encore, si courte soit-elle. Mais les jeunes vivent surtout d’espoir : quand on est au début du chemin, tout peut sembler à portée de la main. Permettons que cet espoir ne restera pas vain par l’amélioration des sources du savoir et des pratiques exemplaires.
Donner un sens à la vie est aussi un message de paix, dans une période, l’actuelle, où une crise s’ajoute chaque jour à une autre, approfondissant les inégalités entre les pays, les classes sociales, les individus. Sachant qu’il ne peut y avoir de paix dans un monde gouverné par des obscurantistes, des arrogants et des égoïstes, adorateurs du Dieu Argent.
Je vous remercie encore d’avoir bien voulu répondre à l’appel de la Fondation Ali Chaieb, et de m’avoir écouté dans une langue, le français, un trésor que le Protectorat nous a légué, au-delà de tous les forfaits qu’il a pu commettre, et que nous n’avons pas su mettre en valeur.
Je ne voudrais pas disposer davantage de votre temps. Je m’arrête donc ici, heureux de registrer vos éventuelles interventions et de pouvoir éventuellement répondre à vos interrogations. Encore une fois, merci. Chokran ! »