L’analyse du nationalisme, du libéralisme et du socialisme de Bourguiba révèle donc des éléments qui, à des titres divers, se rapportent à un idéal démocratique, surtout si l’on entend par celui-ci une certaine conception de la justice sociale et de la liberté favorisant l’égalité des chances et l’accès aux plus hautes responsabilités sociales. Mais il faut d’abord en préciser le sens et en dégager la définition avant d’en examiner le contenu dans la pensée du Président Bourguiba.
…Pour ma part,dit-il,ayant lutté pour la liberté de mon peuple et exerçant le pouvoir depuis dix-sept ans ,je peux dire ceci : la démocratie est le stade suprême de l’évolution d’une societé.Elle n’est pas le donnée au départ mais vient tout naturellement lorsque les conditions qu’elle requiert sont réunies. Ces conditions sont, à mon sens : un Etat moderne qui fonctionne et qui soit respecté par la population ; une nation qui forma déjà un ensemble cohérent et solidaire ; un peuple qui atteint un niveau d’éducation et un standard de vie tels qu’ils puisse recevoir la démocratie, non comme un luxe dont on ne sait que faire, ou un jouet que l’on casse, mais comme un bien précieux, c’est-à-dire, un moyen d’action en même temps qu’un signe de maturité.
Voilà donc la conception de la démocratie et les principes qui inspirent l’action.
De la lutte de Bourguiba, il nous est avéré que le peuple est le souverain. A cet égard, Bourguiba se rattache à la vulgate démocratique ; mais c’est une démocratie qui ne favorise pas la lutte des classes, mais la solidarité,l’union : l’ambition de Bourguiba, c’est d’être aimé par tout son peuple. Il ne repousse personne. Il a institué l’union du peuple tunisien en y appelant tout le monde à l’établissement du Néo-Destour ; aucune entrave ne s’est dressé devant quiconque désirant s’y adhérer.