Hotel Hasdrubal-Thalasso Kantaoui

24 février 2023

Présentation du livre: « Un personnage, un espace méditerranéen, une époque » de Touhami Garnaoui

Mon introduction:

« Mon introduction sera brève, pour permettre à chacun, j’espère, de profiter de cette occasion pour prendre la parole, et parler peut-être de son propre vécu.

La bienveillance de la Fondation Ali Chaieb, pour les sciences, la culture et la communication, organisatrice de cet évènement culturel, le travail fourni par si Ali Ben Amor pour assurer l’édition et la présentation de mon petit livre que certains d’entre vous ont pu avoir ou pourront l’avoir en hommage ou l’acheter, et la généreuse hospitalité, enfin, de l’hôtel Hasdrubal – Thalasso Kantaoui, en me permettant de vous présenter mon dernier petit livre, m’ont réservé un honneur et un plaisir bien précieux pour moi. Je tiens à les en remercier tous vivement. C’est une joie réelle de me trouver parmi vous.

Il existe une seconde version de ce petit livre en langue italienne. Y en aura-t-il, un jour prochain, une version en arabe aussi ? Je l’espère.

Mon parcours dans la vie n’a pas été sans tache, on s’en doute bien. Comme tous les hommes, je suis sujet à changements aussi bien dans mes opinions que dans mes penchants. Il arrive aussi de mentir, car le mensonge est le propre de l’homme. J’aimerai, cependant, savoir que le lecteur a retenu ou retiendra que j’ai essayé de laisser de moi une image d’un tunisien, d’un homme, comme d’autres figures qui ont eu beaucoup de chance et qui ont su aussi l’exploiter pour leur propre bien et le bien de notre communauté, qui retiennent que les idées de progrès ont une application et une applicabilité universelles, c’est-à- dire que la conduite de la vie personnelle exige la liberté individuelle des consciences, le respect des droits et devoirs individuels, le sens des responsabilités, l’amour fraternel et la solidarité qui doivent lier les citoyens, que la conduite des affaires du monde passe par la séparation entre les affaires de l’Etat et les affaires de Dieu, le respect des droits et devoirs de l’Etat, que de toutes les constitutions politiques, pour assurer le bonheur individuel et social, la meilleure est de loin celle qui reconnait et exige d’assurer en priorité absolue les besoins primordiaux de l’homme (le savoir, la santé, le logement salubre et confortable, la mobilité, la conservation, le respect et l’amélioration de l’environnement, le comportement éduqué et énergique de chacun, l’égalité, la justice, le travail rémunéré à sa juste valeur), et non pas une identité douteuse arabo-musulmane, imposée par les circonstances, dont le rayonnement s’est bien affaibli depuis des siècles, pendant que le reste du monde avance à pas accélérés.

Nous voici donc réunis pour nous interroger fraternellement sur un parcours qui est à la fois un mode de raisonner, un mixte, me dit-on, entre une approche analytique, du fait des études, et humanistique à la fois, uni, au sens large, à un fort esprit critique et, en même temps, à un certain degré de liberté irrévérencieuse.

Le parcours que j’ai tracé rapidement dans mon petit livre a surtout pour objet de conduire aussi bien l’auteur que le lecteur à s’interroger sur le sens de la vie. On nous donne la vie, un jour, quelque part, dans un certain milieu géographique et social, et on nous la reprend, souvent sans notre volonté non plus. On continue à vivre tant bien que mal, tant que nos besoins primordiaux tels que je les ai énoncés continuent à être assurés. Au contraire, le sens de la vie est une chose qu’on apprend, chemin faisant, autour de nous, ou chez les autres, quand on a des yeux des oreilles, des jambes, un visa et quelques moyens assez suffisants. Le meilleur sens de la vie, on voudra bien en convenir, s’obtient par une meilleure et plus profonde connaissance de notre environnement et des autres, et aussi par la nature et la qualité du chemin emprunté, un chemin qui ne peut être esquissé au départ que par un Maitre, ou indiqué par la déesse Fortune. C’est sur ce chemin de la connaissance que l’on rencontre le sens de la vie. Quand on peut s’y aventurer librement. La vie n’a que peu de sens sans la libre aventure de l’esprit. La liberté est la condition même de la connaissance et de la créativité. En définitive, c’est la quantité de création agréable et/ou utile pour le progrès de l’homme, l’amélioration de la société, et la sauvegarde de l’environnement. Certes, il est plus facile de donner un quelconque sens à la vie, quand il reste peu de temps à vivre, quand il reste peu d’espoir de voir germer ce qu’on plante, et en cueillir les fruits, on peut parler du sens de la vie vécue, avec ses déboires et ses fortunes, et aussi du sens de la vie à vivre encore, si courte soit-elle. Mais les jeunes vivent surtout d’espoir : quand on est au début du chemin, tout peut sembler à portée de la main. Permettons que cet espoir ne restera pas vain par l’amélioration des sources du savoir et des pratiques exemplaires.

Donner un sens à la vie est aussi un message de paix, dans une période, l’actuelle, où une crise s’ajoute chaque jour à une autre, approfondissant les inégalités entre les pays, les classes sociales, les individus. Sachant qu’il ne peut y avoir de paix dans un monde gouverné par des obscurantistes, des arrogants et des égoïstes, adorateurs du Dieu Argent.

Je vous remercie encore d’avoir bien voulu répondre à l’appel de la Fondation Ali Chaieb, et de m’avoir écouté dans une langue, le français, un trésor que le Protectorat nous a légué, au-delà de tous les forfaits qu’il a pu commettre, et que nous n’avons pas su mettre en valeur.

Je ne voudrais pas disposer davantage de votre temps. Je m’arrête donc ici, heureux de registrer vos éventuelles interventions et de pouvoir éventuellement répondre à vos interrogations. Encore une fois, merci. Chokran ! »

INVITATION

Jalloul Ayed : L’Apport de la Culture à l’Économie

Dr. Jalloul Ayed

La culture fait généralement référence aux arts et aux autres activités intellectuelles, telles que la littérature, la musique, l’architecture et la philosophie. Par définition, ces caractéristiques découlent de la créativité, de l’imagination et de l’inventivité. Plus une société donnée est dotée de ces réalisations culturelles de haut niveau, plus elle tend à avoir des valeurs esthétiques, un avancement intellectuel et des attributs civilisationnels robustes.

Mais, ce qui nous intéresse plus particulièrement, c’est que la culture est également considérée comme l’incarnation des croyances, valeurs, coutumes, comportements et artefacts partagés qui caractérisent une communauté ou une société. Une société innovante valorise et encourage l’innovation, la créativité et les nouvelles idées et fournit des ressources pour soutenir ces activités. Elle possède une culture qui valorise la créativité, un système éducatif qui incite la pensée critique et les compétences en matière de résolution de problèmes, la tolérance à la prise de risques, la volonté de mobiliser les ressources nécessaires pour soutenir l’innovation, un environnement réglementaire favorable et encourage la collaboration et les partenariats.

Ibn Khaldoun a établi que les civilisations reposent sur trois piliers fondamentaux : la culture, l’éducation et la bonne gouvernance. Parmi ces trois piliers, il considère que la culture, c’est-à-dire l’incarnation des valeurs, des croyances, de la mentalité, des coutumes et des traditions d’une société, est un atout important pour développer les sociétés humaines. Pourtant, malgré la perspicacité d’Ibn Khaldoun quatre siècles auparavant, le rôle de la culture dans le développement économique et social n’a historiquement pas attiré l’attention qu’il mérite de la part des penseurs économiques et des décideurs politiques. Les fondateurs de l’économie moderne n’ont fait que de maigres tentatives pour évaluer le rôle de la culture dans le développement économique et social. Par exemple, dans sa « Théorie des sentiments moraux,” Adam Smith a étudié les facteurs éthiques, philosophiques et psychologiques qui sous-tendent le comportement humain sur ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui les « valeurs culturelles.” De plus, John Stuart Mills soutient dans son essai « l’Utilité de la Religion » que les religions surnaturelles, telles que le christianisme, constituent une contrainte dans la poursuite du bien-être individuel et social. Au lieu de cela, il promeut le concept d’une religion de l’humanité entièrement naturaliste comme une alternative supérieure. Inversement, Max Weber a souligné le rôle des enseignements religieux dans le renforcement de l’éthique du travail de communautés religieuses spécifiques (à savoir les protestants).

En 1991, Daniel Etouga-Manguelle a audacieusement mis la culture au centre de la sagesse pour expliquer l’énorme écart de développement de l’Afrique par rapport à d’autres économies émergentes (comme l’Asie du Sud-Est). Dans cet ouvrage fondateur, « L’Afrique a-t-elle besoin d’un programme d’ajustement culturel ? », Etouga-Manguelle met en évidence les caractéristiques culturelles résistantes au progrès qui semblent être partagées par les pays africains malgré leur grande diversité et pose la question de savoir si l’Afrique aurait besoin d’un programme de réforme fondé sur la culture.

Néanmoins, malgré leur rareté, plusieurs études ont placé la culture au cœur de la réflexion sur le développement. Par exemple, dans “La Richesse et la Pauvreté des Nations”, l’historien de l’économie David Landes déclare que “si nous apprenons quelque chose de l’histoire du développement économique, c’est que la culture fait toute la différence.” Il corrobore, à cet égard, la thèse de Huntington défendue dans son ouvrage fondateur, « La Culture Compte : Comment les Valeurs Façonnent le Progrès Humain.” En outre, dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, le programme de développement international fait référence à la culture comme un facteur important de progrès social et de développement durable. La cible 11.4 appelle à renforcer les efforts pour protéger et sauvegarder le patrimoine culturel et naturel mondial. 

Cela dit, les caractéristiques culturelles d’une société donnée ne peuvent être transformées que sur de longues périodes. Les responsables politiques doivent donc s’atteler à réduire les traits culturels qui vont à l’encontre du progrès social grâce aux moyens juridiques et réglementaires à leur disposition. Par exemple, les pratiques de corruption, le clientélisme, le copinage, le chauvinisme, le régionalisme et la discrimination à l’égard des femmes sont des caractéristiques culturelles nuisibles classiques qui doivent être combattues par la sensibilisation, la persuasion et, éventuellement, la coercition.

Toutefois, la tâche sera plus ardue lorsqu’il s’agira d’affronter une culture anti-entrepreneuriale et résistante à l’innovation, surtout si elle est profondément ancrée dans la société et même dans les hautes sphères de l’état. Même s’il n’existe pas de panacée unique pour s’attaquer à ce phénomène, quelques stratégies peuvent être envisagées à cet égard. Il s’agit notamment de (i) montrer l’exemple, car le changement est toujours impulsé par le sommet en mettant en avant les bons comportements et les bonnes attitudes, (ii) promouvoir l’apprentissage continu et encourager les réalisations collectives, (iii) célébrer le succès de ceux qui sortent des sentiers battus, et (iv) veiller à ce que la transformation culturelle positive s’amorce dans l’ensemble des services de l’administration et du secteur public, compte tenu de l’effet d’entraînement considérable qu’elle exerce sur le reste de la société.

La contribution de la culture à la création d’une économie compétitive et d’une société dynamique, cohésive et inclusive est primordiale. Elle devrait donc occuper une place prépondérante dans le programme de développement des décideurs, d’autant plus à l’ère de la transformation numérique et de son impact sur la société. La culture, comme moteur de changement positif, joue un rôle essentiel pour préparer une communauté à adopter les nouvelles technologies. Ces dernières peuvent, à leur tour, promouvoir une culture d’ouverture, de partage, de transparence, d’excellence, de créativité, de cohésion sociale et de diffusion des connaissances. Les médias sociaux, par exemple, ont amélioré la créativité et la conscience sociale en renforçant les interactions entre les citoyens et en les aidant à partager un large éventail d’informations.

Comme nous l’avons déjà mentionné, l’amélioration de la culture dans un pays donné est une tâche ardue et persistante. Pourtant, elle doit être réussie pour favoriser l’émergence d’une société cohésive et tournée vers l’avenir. Une société qui œuvre au bien-être de tous les citoyens, qui lutte contre l’exclusion et la marginalisation, qui est ouverte aux autres cultures, qui s’adapte facilement aux innovations, qui promeut un sentiment commun d’appartenance, qui diffuse la confiance et qui offre à ses membres la possibilité d’une mobilité ascendante.

Le rapport de la Banque mondiale sur la Tunisie, intitulé « Révolution inachevée,” affirme à juste titre « qu’assurément, le choix auquel la Tunisie est confrontée n’est pas seulement une question de politique économique. Il s’agit, avant tout, d’une question de société. La Tunisie se trouve à un carrefour de valeurs, de normes et de croyances – elle doit débattre et choisir une vision de la société, qui déterminera ensuite en grande partie les politiques économiques des prochaines décennies.”

La culture est tout aussi primordiale dans la construction d’une économie de la connaissance. Dans une lettre adressée en 2006 au président de la Commission européenne, intitulée « La culture : le Cœur d’une Économie de la Connaissance,” le secrétaire général du Parlement européen de la Culture (PEC) écrit ce qui suit : « La contribution de la culture à la création d’une économie compétitive et d’une société cohésive peut être bien plus profonde qu’il n’y paraît à première vue. Les entreprises, l’éducation, le développement social ainsi que la société civique sont désormais de plus en plus conscients de l’importance de la culture comme stimulant.” Il affirme ensuite que « nous devons développer la capacité d’utiliser la culture comme un outil, une ressource et un cadre pour faire face à la complexité croissante de notre société tout en lui donnant plus de sens.”

Sans une culture qui soutient l’innovation, il peut être difficile pour les individus de proposer de nouvelles idées et pour ces idées de gagner du terrain. Cette culture doit imprégner les plus hauts échelons de l’autorité, car c’est le leadership qui ouvre la voie à la connaissance et à l’innovation. Une culture qui valorise l’innovation est également ouverte au changement et à l’adaptabilité, permettant à la société d’évoluer et de s’améliorer plutôt que de stagner et de languir. Enfin, une culture de l’innovation et de l’exploration doit également être imprégnée tout au long du processus éducatif, dès l’école maternelle.

Mr Touhami Garnaoui

Docteur en économie , trouvant pendant ses études à Paris , des difficultés pécuniaire, nous écrit ce qui suit ;

« Pour pouvoir payer mes études, n’ayant plus eu de bourse d’études qu’au début des années 1960, par punition des autorités tunisiennes d’avoir refusé de continuer ma préparation à Polytechnique au lycée Louis Le Grand, j’ai dû faire de menus travaux comme plongeur dans un Grand Hôtel, standardiste téléphoniste dans un bureau d’ingénieur, et même emballeur auprès du grand magasin la Samaritaine. »

D’après le livre : Une personnalité, Un contexte méditerranéen, Une époque.

Lors de la présentation du livre de Monsieur Med Ennaceur : Deux républiques, une seule Tunisie.

Bonjour cher ami, Jetais très touché hier par toutes les marques d’amitié que vous m’avez témoigné et par l’excellente organisation de la journée d’hier!

Félicitations! et cordiales salutations.

Mohmed Ennaceur

Ali Gannoun, Professeur à Montpelier

Bonjour!

Dans la morosité de l’actualité, quelques lumières peuvent surgir de temps en temps. Je voudrais vous parler ce matin de la fondation « Ali Chaieb » pour la Science, la Culture et l’Information.

Si Ali Chaieb fut mon premier professeur de mathématiques au Lycée de Garçons de Sousse avant d’abandonner l’enseignement pour se consacrer au commerce, à l’industrie et aux affaires et de bien réussir dans ces domaines surtout dans la fabrication et le commerce du carrelage et le travail du marbre. C’est lui , avec ses enfants, qui est propriétaire des entreprises florissantes « Chaieb Carrelage » et « Chaieb marbre ».

Ses réussites industrielles ne l’ont pas empêché d’investir dans la science et la culture en organisant des conférences sur des thèmes de pointe , en honorant des personnalités qui ont rayonné en Tunisie ou à travers le monde, et en invitant des sommités à venir parler de leurs réalisations et réussites devant des publics initiés ou non. De même, la fondation Ali Chaieb finance des projets dans la science, la culture et la communication et fournit des aides pour aider à l’excellence et à l’épanouissement scientifiques.

Le siège de la fondation est à Jemmal (Monastir) et elle est dirigée par l’un des fils de Si Ali.

En mettant si Ali Chaieb à la Une, j’invite tous les industriels et hommes d’affaires qui gagnent beaucoup d’argent (b’7 barkette 3lihom) à suivre les traces de Si Ali et à investir un peu de leurs bénéfices dans l’éducation et la culture dans leurs régions et de faire profiter les jeunes et les moins jeunes de leurs coins de moyens pour réussir à être de bons citoyens ( salle de conférences, club de musiques, théâtres, ….) et d’assurer la pérennité de ces moyens!

Merci Si Ali Chaieb pour ce que vous avez fait!

Barra nharkom zine!

!..AH..!

Jalloul Ayed : Réinventer notre diplomatie économique

Pour commencer je vous invite à imaginer un instant que le gouvernement tunisien nomme un représentant diplomatique permanent à la Silicon Valley pour aider à établir des relations avec les principaux acteurs opérant dans ce haut lieu technologie et d’innovation. Son mandat comprendra également l’identification d’entreprises intéressées par un partenariat avec des entreprises innovantes en Tunisie, la promotion des opportunités d’investissement en Tunisie, et l’initiation de partenariats ou de jumelages entre les universités, les cercles de réflexion, et les centres de recherche américains et leurs homologues tunisiens.

Une telle initiative peut sembler fantaisiste, étant donné que la diplomatie est une profession très protocolaire qui se nourrit de l’étiquette politique et du respect scrupuleux des procédures bureaucratiques dans les relations avec les États étrangers.

Mais un pays l’a pourtant fait : le Danemark ! En 2017, ce pays a nommé Casper Klynge, un diplomate de carrière, pour devenir le premier ambassadeur à la Silicon Valley.

Juste pour vous donner une idée sur l’importance des géants américains de la technologie, la capitalisation boursière de Google hier était de 1,23 trillion de dollars et représente ainsi à elle seule 31 fois le PIB de la Tunisie, et un peu moins de la moitié du PNB de la France. (D’ailleurs, je profite pour souligner une réalité que beaucoup ignorent: la montée en puissance des acteurs non-étatiques (non-state actors) dans la gestion des affaires économiques à l’échelle globale. A titre d’exemple, ce sont les grandes multinationales qui pèsent de tout leur poids dans l’élaboration des accords de libre échange. Ceux qui font le travail pour eux sont les 25,000 lobbyistes à Bruxelles et les 12,000 à Washington.)

Imaginons maintenant que le chef du gouvernement tunisien apprenne qu’un grand constructeur automobile européen aurait l’intention d’implanter une grande usine dans la région méditerranéenne. Il prend personnellement l’initiative d’appeler le président de cette société et l’inviter en Tunisie afin de l’inciter à considérer notre pays comme une destination de choix pour son projet. Il peut même envisager de faire le déplacement pour le convaincre. Cela peut sembler atypique pour un chef du gouvernement. Pourtant, c’est exactement ce qu’a fait le roi du Maroc. C’est lui même qui a usé de son influence pour mettre la pression auprès du président du groupe Renault qui a finalement installé sa méga usine «Dacia» à Tanger.

L’implication personnelle du roi Mohamed VI a également contribué de manière significative au positionnement robuste du Maroc sur le continent africain. Presque chaque année, le roi affrète deux gros-porteur et invite des représentants du monde des affaires à l’accompagner dans les pays sub-sahariens. Depuis l’an 2000, 50 visites royales ont été effectuées dans plus de 30 pays africains durant lesquels plus de 1 000 accords ont été signés avec les pays hôtes lors de ces voyages. Cela explique, en grande partie, comment le Maroc est devenu le plus grand investisseur interafricain avec des investissements cumulés d’environ 4 milliards de dollars.

Imaginons maintenant que le gouvernement tunisien décide d’octroyer un passeport diplomatique d’affaires à tout exportateur dont le chiffre d’affaires à l’export dépasse un million de Dollars. Encore une fois, cela peut paraître saugrenu, et pourtant la Turquie l’a bien fait. Plus de 40,000 ‘passeports verts’ ont été délivrés seulement à Istanbul aux exportateurs turques sans parler d’autres avantages qui leur sont accordés. Il ne faut donc pas s’étonner de l’énorme déficit commercial que la Tunisie affiche avec ce pays. Par ailleurs, le nombre d’ambassades turques est passé de 12 en 2009 à 43 aujourd’hui. Par ailleurs, le Maroc a 24 ambassades en Afrique subsaharienne comparé à neuf ambassades tunisiennes dans cette région.

Ces exemples illustrent de manière éloquente la nature kaléidoscopique de la diplomatie économique. La concurrence féroce entre les pays dans le domaine du commerce et de l’investissement à l’échelle globale les conduit à sortir des sentiers battus afin de s’emparer de la part la plus importante des flux internationaux de commerce, d’investissement et des chaînes de valeur globales. Ainsi, les contours de la politique étrangère sont de plus en plus conçus autour d’objectifs économiques où la diplomatie joue un rôle central.

C’est quoi au juste la diplomatie économique?

On peut la considérer comme étant une science et un art. C’est une science parce qu’elle s’appuie sur les flux d’informations pour construire un plan d’action judicieux en matière de politique économique étrangère et de positionnement géostratégique. C’est un art, car elle impulse ses actions avec l’ingéniosité, le protocole et le savoir-faire de la diplomatie pour le réussir.

Il faut toutefois faire la distinction entre diplomatie économique et diplomatie commerciale

La Diplomatie Économique est définie comme le processus qui contribue à (i) la compilation systématique d’informations géoéconomiques pertinentes permettant la conduite d’une politique d’intelligence économique perspicace, (ii) la facilitation de la mobilisation de ressources financières auprès de sources bilatérales, multilatérales et privées, (iii) la conduite de négociations avec des organisations bilatérales,multilatérales principalement ayant une incidence sur l’agenda politique international dela Tunisie, et (iv) l’établissement de relations avec des centres de compétences, desuniversités de premier plan, des instituts de recherche, des médias majeurs et desgroupes de réflexion internationaux influents (think tanks) afin de faciliter les transfertsde connaissance et de technologie vers notre pays.

La Diplomatie Commerciale concerne les activités diplomatiques visant à promouvoirles exportations tunisiennes ainsi que les investissements entrants et sortants par (i) lapromotion des relations entrepreneuriales et commerciales entre les agentséconomiques tunisiens et étrangers ; (ii) l’engagement actif dans le renforcement de laTunisie comme destination touristique majeure ; et (iii) la participation aux forumsd’affaires, aux activités des chambres de commerce, aux foires, aux expositions, auxconférences sur le commerce et l’investissement dans les pays hôtes, et aux principauxévénements internationaux sur le commerce et l’investissement.

Il faut aussi rappeler qu’il y a plusieurs autres sous-catégories de la diplomatieéconomique telle que la diplomatie agricole, la diplomatie digitale, la diplomatietouristique, la diplomatie de l’innovation et la diplomatie de la diaspora.

Cela dit, il est important de souligner que la stratégie de diplomatie économique estlargement déterminée par le positionnement géostratégique que la Tunisie ambitionned’assurer à la lumière de la confluence des forces géopolitiques, économiques ettechnologiques auxquelles le monde est aujourd’hui confronté et qui pourrait serépercuter pendant des générations.

Un aperçu prospectif de cette évolution nous révèle que le PIB mondial devrait atteindre200 trillions de dollars en 2036, contre 100 trillions en 2022. Par ailleurs, l’économie dela Chine dépassera celle des États-Unis d’ici à 2030, suivie par l’Inde, dont le PIB serale troisième plus important à cet horizon. Seuls l’Allemagne, le Royaume-Uni et laFrance feront partie des dix premiers pays d’Europe en 2036. La mouvance anticipéevers l’est du centre de gravité de l’économie mondiale, et qui se situera donc entre laChine et l’Inde, est une évolution cruciale qui mérite d’être sérieusement analysée dansnotre positionnement géoéconomique futur. En particulier, la Chine sera en tête de laproduction d’énergie renouvelable et s’est assuré la part du lion des métaux rares, quisont nécessaires pour les technologies vertes. Elle est également le premier producteurde panneaux photovoltaïques et de batteries au lithium et sera sans aucun doute lepremier producteur mondial de véhicules électriques. Déjà, le constructeur automobilechinois BYD a dépassé Tesla pour devenir le plus grand producteur de véhiculesélectriques au monde. Il ne faut en conséquence pas s’étonner qu’un nombre croissantde pays souhaitent intégrer les BRICS.

Par conséquent, il est essentiel pour la Tunisie de repenser son positionnementgéostratégique et établir une relation plus forte avec les puissances mondialesémergentes.

Dans l’état actuel des affaires internationales, un dispositif de diplomatie économiquesolide devrait être capable de distinguer les modèles en mutation des affairesmondiales et de distinguer le signal du bruit (‘tell the signal from the noise’). Une visionprospective des changements de la direction des vents économiques est cruciale pourmettre le cap sur la bonne direction. Une telle capacité est d’autant plus critique que laTunisie est restée enclouée dans un modèle anachronique et indolent de relationscommerciales sans véritablement tenter d’explorer les grandes potentialités offertes depar le monde. Même avec l’Europe, son partenaire traditionnel, ses relationscommerciales se limitent à trois pays sur les vingt huit que compte l’UE. Compte tenude la situation économique désastreuse de la Tunisie, l’ensemble du MAE doit êtremobilisé pour la promotion de l’économie, avec bien entendu le soutien d’autresministères et organisations nationales. Ces efforts devraient être menés aux niveauxbilatéral, régional et international, et nécessiteront de l’ingéniosité pour influencer leschoix de commerce et d’investissement des gouvernements étrangers et des grandesmultinationales.

Les autorités tunisiennes doivent procéder à une analyse minutieuse (i) de l’évolutionde la structure des échanges mondiaux, (ii) de la reconfiguration des chaînesd’approvisionnement mondiales et de la préférence croissante des entrepriseseuropéennes pour les stocks en flux tendus, (iii) de l’augmentation des coûts detransport et (iv) du départ de Chine de centaines d’entreprises européennes etaméricaines qui cherchent à délocaliser leurs activités. Ces développements critiquesdevraient toujours être sur les écrans radar d’un appareil de diplomatie économiqueefficace. Lorsqu’ils sont examinés et analysés de manière pertinente, chacun de cesfacteurs présente des opportunités à saisir ou des risques à éviter pour la Tunisie. Il fautdonc examiner chacun d’eux et dessiner les orientations stratégiques potentielles.

1- Modification des schémas commerciaux: une bonne prospectivestratégique renforce une diplomatie économique efficace. La prévoyance permet defaçonner de manière proactive les actions à entreprendre pour bien préparer l’avenir.

Elle défriche le terrain pour qu’il soit en état lorsque les opportunités se présentent. Uncoup d’œil sur les modèles commerciaux anticipés du monde devrait éclairer lepositionnement économique et diplomatique de la Tunisie à l’avenir. Par exemple, en2050, l’Asie représentera 47% du PIB mondial et 40% des importations. En particulier,la Chine représentera à elle seule 27% du PIB mondial et 17% des importations. Parconséquent, tout en préservant et en consolidant son ancrage historique avec l’Europe,la Tunisie doit renforcer sa présence diplomatique en Asie et mettre en place lesconditions d’une amélioration significative des relations avec les futurs pays leadersdans le monde. En exploitant des méthodologies modernes, les autorités tunisiennesdevraient identifier les produits d’exportation demandés par ces pays et pour lesquels laTunisie bénéficie d’un avantage compétitif.

Ensuite, les ministères concernés, les organisations professionnelles et les entreprisesexportatrices (existantes et potentielles), doivent élaborer une feuille de routeambitieuse pour vendre les produits existants ainsi que les nouveaux produits sur cesmarchés. Un tel effort est d’autant plus crucial que le déficit commercial de la Tunisies’est accru significativement ces dernières années.

2- Reconfiguration des chaînes d’approvisionnement mondiales: suite à lapandémie de coronavirus et de la politique chinoise du «zéro covid», de nombreusesentreprises internationales ont décidé de diversifier leurs sources d’approvisionnementvers d’autres pays. Néanmoins, cette diversification des fournisseurs a augmenté lademande de produits intermédiaires en provenance de la Chine (par exemple, ladiminution des exportations chinoises de prêt-à-porter s’est accompagnée d’undéplacement de la fabrication vers l’Asie du Sud et du Sud-Est, principalement versl’Inde, le Vietnam et le Bangladesh). Le Mexique a également profité de la ‘guerrecommerciale’ entre les États-Unis et la Chine en augmentant les importations d’intrantsintermédiaires en provenance de la Chine, assemblés puis expédiés vers les États-Unis. En outre, plusieurs autres entreprises internationales basées en Chine ont quittéou envisagent de quitter ce pays. Une enquête de la société de conseil Gartner révèleque 33 % des leaders des chaînes d’approvisionnement ont déjà déménagé ouprévoient de déménager leur entreprise hors de Chine d’ici à 2023.

3- Augmentation du coût du transport: durant 2022, le coût du transport desmarchandises par route, air et mer a augmenté considérablement. Une telle hausse descoûts de transport, combinée à la préférence accrue des entreprises européennes pourles flux tendus et la diversification des approvisionnements, aurait dû déclencher unemobilisation complète de la diplomatie économique pour offrir à ces entreprises lesavantages du near-shoring en Tunisie.

4- Le Phénomène de relocalisation: ces dernières années, le coût de la main-d’œuvreen Chine a considérablement augmenté, ce qui a suscité des spéculationsselon lesquelles ce pays pourrait perdre son avantage comparatif dans le secteurmanufacturier et son statut d’usine du monde. Ces augmentations de salaires,combinées à la pression politique exercée sur les multinationales aux États-Unis et enEurope, obligent ces dernières à rapatrier, en totalité ou en partie, leurs activitésdélocalisées ou à chercher des alternatives de near-shoring dans des pays proches oùles salaires sont plus compétitifs. Rien qu’aux États-Unis, suite à la politique initiée parTrump, on estime qu’en 2020, plus d’emplois ont été créés grâce au reshoring que parles investissements directs étrangers (109 000). De même, en Europe, 60 % desentreprises européennes envisagent de faire du reshoring dans les trois prochainesannées (2022-2025). En outre, environ 35% des entreprises européennes envisagentde se rapprocher de la Turquie et de l’Afrique du Nord (near-shoring). Une fois encore,une diplomatie économique dynamique devrait être en mesure, grâce à un systèmed’intelligence compétitive efficace, de déterminer les multinationales qui envisagent de relocaliser leurs activités, ou une partie d’entre elles, dans notre région et de veiller à ceque la Tunisie bénéficie de l’avantage du précurseur (first-mover advantage).

Malheureusement, entre-temps, c’est le contraire qui est entrain de se produire commecela a été révélé par une récente enquête d’Ernst & Young qui prévoit que 55 % desentreprises françaises en Tunisie compte rapatrier leurs activités. Hélas, nos autoritésne semblent pas se soucier de cet imminent danger qui risque de faire perdre desmilliers de postes d’emploi à court et moyen terme.

Comme je l’ai souligné auparavant, l’une des conditions de réussite de la diplomatieéconomique est la mise en place d’un dispositif puissant d’intelligence économique.

En clair, la Tunisie manque d’un cadre d’intelligence économique et stratégique robusteet bien structuré, tant au niveau du secteur public que du secteur privé. Toutefois, cela ne veut pas dire que les questions relatives à l’intelligence économique ne sont pastraitées dans le cadre des fonctions diplomatiques ordinaires.

Quelques initiatives ont été lancées en matière d’IE en Tunisie, mais elles étaient plutôttimides et de portée limitée. Par exemple, en 2009, le CEPEX a mis en œuvre un projetd’IE avec l’aide du programme de développement des Nations unies. En mars 2012,l’Agence Tunisienne d’Intelligence Économique (ATIE) a été créée, mais ses activitéssont restées timides. De même, en 2012, le Réseau Tunisien d’Analyse desRenseignements et de Veille Economique et Commerciale (RIAVEC) a été créé ethébergé au sein du ministère du Commerce. En mars 2018, Tunisia Africa BusinessCouncil (TABC) a lancé le Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique(CAVIE). Cependant, les activités de toutes ces organisations, bien que bénéfiques,sont restées d’une portée et d’une efficacité limitées.

La Tunisie a beaucoup à gagner dans la mise en place d’un dispositif solided’intelligence économique à part entière au sein du MAE, totalement dédiée au soutiendu gouvernement et des entreprises publiques et privées, en leur fournissant desinformations précieuses sur la compétitivité et les développements à l’échelle mondialequi peuvent les affecter. Au niveau de l’État, une IE performante peut aider lesdécideurs politiques à comprendre les forces complexes à l’origine des changementsimportants dans les économies et les industries, et à se ternir au courant des grandesévolutions géostratégiques à l’échelle du monde. Au niveau sectoriel, les unités d’IEdans les associations professionnelles, les chambres de commerce et même au seindes entreprises peuvent les aider à être au courant de tous les développements dansleurs domaines respectifs qui peuvent avoir un impact sur leurs activités, y compris lesopportunités à saisir ou les risques à éviter.

Les exemples abondent de la manière dont l’IE peut contribuer à éclairer les stratégies,tant au niveau des états que des entreprises. Par exemple, inquiet de l’émergence del’industrie 4.0 et des pertes d’emploi potentielles qu’elle peut engendrer au cas où lessociétés offshores décideraient de rapatrier leurs activités dans leur pays d’origine, l’étatpeut s’appuyer sur l’IE pour déterminer les entités existantes opérant en Tunisie quiseraient susceptibles de se retirer. L’exercice d’IE permettra de recueillir toutes lesinformations pertinentes concernant les intentions stratégiques de ces entreprises enexploitant toutes les sources actuelles (par exemple, l’examen des rapports annuels dessociétés mères, les communiqués de presse, les consultations directes, la vérificationauprès des concurrents et les projets de construction d’usines intelligentes dans leurpays d’origine, etc.). L’IE peut également explorer les raisons pour lesquelles certainspays concurrents sont plus à même d’augmenter leurs exportations vers un marchédonné (tarification, logistique, meilleur contrôle des coûts, salaires compétitifs,qualitédes produits ou des services, etc.). Les informations ainsi recueillies seront d’uneimportance capitale pour le gouvernement et les exportateurs concernés (en particulierles PME qui ne peuvent pas justifier le développement de capacités d’IE en interne).

Au niveau macro, un système d’IE complet et efficace devrait examiner les réussitesenregistrées dans d’autres économies, qui serviraient comme sources d’orientation etd’inspiration pour les décideurs politiques. La Tunisie ne devrait pas être aveugle à detelles expériences si elles peuvent apporter des réponses aux défis économiquesauxquels elle est confrontée et éventuellement améliorer les perspectives de créationde valeur dans l’ensemble des secteurs économiques. En examinant des réussitesmarquantes telles que (i) le rôle du Conseil de développement économique àSingapour, (ii) le pouvoir exceptionnel et transformateur du capital risque en Irlande eten Israël, (iii) l’énorme succès de la banque mobile au Kenya, (iv) le succès du CostaRica d’avoir réalisé son auto-suffisance en électricité à partir des énergiesrenouvelables, (v) les performances de renommée mondiale de Cuba dans le tourismede la santé, (vi) les prouesses digitales de l’Estonie, qui est devenue le leadertechnologique de l’Europe, (vii) le succès de Malte, qui s’est forgé une réputationmondiale dans le domaine de la blockchain, (viii) le rôle des Tigres d’Anatolie dans larelance fulgurante de l’économie turque sont autant d’exemples, parmi tant d’autres, quiméritent un examen attentif. Un système d’IE bien doté et efficace au niveau de l’Étatdevrait être capable de mener de telles analyses en permanence. L’objectif est defournir aux décideurs politiques des solutions précieuses et pratiques inspirées de telssuccès et de leur laisser le soin de déterminer leur applicabilité au contexte tunisien.

Renforcer les compétences et assurer l’alignement organisationnel

Afin de réussir la stratégie de diplomatie économique, il est essentiel, tout d’abord,d’améliorer notablement les capacités et la qualité d’accueil des investisseurs étrangersqui doivent trouver dans notre pays un excellent environnement des affaires. Parailleurs, il est tout aussi important de (i) promouvoir le développement d’un capitalhumain hautement qualifié et bien formé, surtout au niveau du MAE, et (ii) assurer unalignement organisationnel bien articulé entre toutes les entités gouvernementalesimpliquées dans la promotion des activités économiques et commercialesinternationales.

Passons rapidement en revue ces deux facteurs de réussite.

• Compte tenu de la complexité des relations économiques actuelles entre les nations, le besoin de cadres diplomatiques formés et techniquement compétents se fait de plus en plus pressant. Ces derniers doivent bien connaître les lois et règlements relatifs au commerce transfrontalier et de l’économie internationale en général. Entoure, la compétence technique englobe les aptitudes à maitriser divers outils et techniques pour réussir les négociations. Il est aussi recommandé que la «diplomatie économique» devienne une composante clé du programme d’études du centre deformation du MAE tunisien. Des programmes spécifiques doivent être préparés pour répondre aux besoins de formation des fonctionnaires du MAE et d’autres cadres associés directement ou indirectement à la diplomatie économique.

• En outre, une diplomatie économique efficace nécessite un alignementorganisationnel parfait entre le MAE et les autres ministères concernés ainsi que lesdifférentes parties prenantes telles que le CEPEX, la FIPA, l’APII et toute autreorganisation appropriée, afin de garantir:

– Que l’information soit diffusée de manière prompte parmi toutes lesparties concernées.

– Que les plans d’action soient convenus collectivement et en parfaitecoordination.

– Que les procédures de suivi et d’évaluation soient bien conçues etappliquées.

– Il est également essentiel de démanteler les silos qui se dressentcontre le partage de données et aux efforts de coopération et desynergie qui doivent prévaloir entre le MAE, les autres ministèresconcernés et les agences engagées directement ou indirectementdans l’appui d’une diplomatie économique performante.

JaloulAyed, banquier, ancien ministre

Communication présentée lors des journées de réflexion organisées par le Conseil tunisien des relations internationales,

sur le positionnement stratégique de la Tunisie.

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Lecture Critique du livre de Amin Mahfoudh

« Le parcours de la Constitution 2022 : entre le rêve de la démocratie et les dangers de la dictature », Massar Doustour Tounes 2022

Par Touhami Garnaoui

Selon Ibn ‘Arabī, le grand mystique du XIIIe siècle, l’enfer a été créé à partir d’une parabole : [Dans la géhenne] il y a la faim, parce que Dieu l’a créé de la splendeur de sa parole, mentionnée dans la Récolte des traditions authentiques de Muslim : « J’avais faim et tu ne m’as pas nourri, j’avais soif et tu ne m’as pas désaltéré, je suis tombé malade et tu n’es pas venu me rendre visite ». C’est la révélation personnelle la plus formidable avec laquelle Dieu est descendu vers ses serviteurs, dans sa bonté envers eux. L’enfer a été créé à partir de cette réalité, à Dieu ne plaise, vous et moi ! (Sha‘rānī, Yawāqīt , vol.II, p. 463, résumant Ibn ‘Arabī, Futūḥāt , vol.I, p. 297 ; cf. aussi Manā‘ī (2004, p. 128))

On aurait espéré voir là l’origine du désaccord entre le professeur et l’étudiant-président. Malheureusement, tel n’est pas le cas.

Nous nous reférons à :

1. Juin 2022 – Le président-coordinateur du Haut comité national consultatif pour la nouvelle République, Sadok Belaïd, a remis au président de la République, Kaïs Saïed, le draft de la constitution. Le chef de l’Etat a souligné que le projet de constitution n’est pas définitif et que certains de ses articles pourraient être revus.

Cité par African Manager, Amin Mahfoudh a affirmé, que ce qui a été présenté au président de la République, Kais Saied , n’est pas un projet mais plutôt  une mouture proposée de la Constitution de 2022. Il a appelé le président de la République à publier cette version afin que le peuple soit au fait du contenu de la proposition de la commission, en attendant la version finale du projet de constitution, qui sera soumis à referendum et publiée au Journal officiel au plus tard le 30 juin, exprimant l’espoir (et non des accords pris avec le chef de l’Etat) que la proposition de la commission sera publiée le 25 juin, faisant allusion à la proposition de cette date au Président de la République.

Dans une déclaration, faite alors, sur Jawhara FM, Amine Mahfoudh dévoile que Le président de la République sera le seul représentant du pouvoir exécutif dans ce nouveau régime, assisté par le gouvernement, présidé par un Premier ministre, choisi à travers la victoire du parti politique dont il est issu, lors des législatives.

Il a ajouté, en particulier : L’interdiction de la normalisation avec Israël n’a pas été ajoutée dans la nouvelle Constitution étant donné que cela fait partie de la politique de l’Etat.

2. 1er juillet 2022 – Ne reconnaissant pas la mouture qu’il a rédigée avec ses collègues, et selon Kapitalis « visiblement gêné aux entournures, se sentant floué, roulé dans la farine, instrumentalisé voire humilié », Amine Mahfoudh a publié le soir du vendredi 1er juillet, un post Facebook où il reprend, avec une douloureuse ironie, le texte d’une chanson de Francis Bebey qui dit : «Agatha, ne me mens pas / Ce n’est pas mon fils / Tu le sais bien / Ce n’est pas mon fils / Tu le vois bien».

Kapitalis observe : « Personne n’a obligé M. Mahfoudh à s’associer à une opération qui, dès le début, paraissait viciée : car il devait, lui et ses collègues, proposer un texte au président de la république qui était libre d’en faire tout ce qu’il veut. Et le locataire du palais de Carthage ne s’est pas privé d’y mettre tout ce qu’il a voulu. »

 3. Dimanche 3 juillet – Sur la radio « Shems FM » : « Ce texte est devenu dangereux. Il prévoit une présidence avec tous les pouvoirs et sans possibilité aucune pour l’opposition. En gros, le président fera ce qu’il veut sans qu’il ne soit jamais inquiété. C’est pour moi un retour vers le système de Ben Ali. On est dans le pétrin » a déploré A. Mahfoudh, appelant le président de la République à réviser le projet de la nouvelle Constitution paru au JORT.

4. 4 novembre 2033 – Le professeur de droit Amine Mahfoudh a affirmé, vendredi 4 novembre 2022, que, pour avoir un fondement constitutionnel pour poursuivre son mandat, le président de la République, Kaïs Saïed, se devait d’organiser une élection présidentielle, en vertu de la nouvelle constitution adoptée par référendum le 25 juillet. 

Intervenant sur la chaîne Attessia, il a indiqué qu’il avait expliqué au chef de l’État que la promulgation d’une nouvelle constitution implique de nouvelles institutions, notamment l’organisation d’une élection présidentielle. 

Le professeur et ami Amine Mahfoudh a voulu courtoisement me dédicacer son livre intitulé « Le parcours de la Constitution 2022 : entre le rêve de la démocratie et les dangers de la dictature », en arabe « Massar Doustour Tounes 2022, bayna houlm ed-dimoqratia wa makhatar ed-dictatourya ».

Ayant suivi personnellement une certaine partie de la polémique partiellement rappelée ci-dessus, exposée publiquement après la publication du texte officiel de la nouvelle constitution, non conforme à la « mouture », à l’attente et au souhait du Haut comité national consultatif pour la nouvelle République, au vu de la situation dramatique, de l’avis général, dans lequel verse la Tunisie, mais aussi habitué à l’intelligence vivace d’Amine Mahfoudh je m’attendais à trouver dans son dernier livre, moins le pamphlétiste de talent, cherchant des arguments, parfois peu vraisemblables, pour alimenter ce qui semble une tentative de revanche de la part du professeur sur l’élève irrespectueux, et davantage l’universitaire qui apporte un regard scientifique objectif débouchant sur des propositions possibles et des recommandations utiles, non pas pour nous reporter, sous prétexte de démocratie parlementaire telle qu’enseignée en France et amenée en Tunisie sur des chars américains, aux partis d’antan, de Ghannouchi, Abir Moussi, Karoui, Hammami, Chebbi, et d’autres dits « zéros virgule », afin d’aider le président et le peuple de Tunisie à sortir de l’ornière.

Pour éviter une inutile polémique, disons tout de suite que le texte préparé par le Haut comité national consultatif pour la nouvelle République, soumis au Chef de l’Etat, est sous-tendu par une idéologie dite universelle, certainement supérieure à celle contenue dans les textes des constitutions précédentes, et dans le texte proposé par le Chef de l’Etat, boudé par les oppositions, et approuvé par referendum.

A.  Mon ami Mahfoudh ne peut pas oublier que tout résultat dépend des conditions d’emploi. Ainsi donc toute démocratie dépend du contexte où elle s’exerce. La Tunisie n’est pas la France, et la France n’est pas la Tunisie, les Etats Unis sont une autre réalité, tout comme les grandes banques aussi. L’Etat tunisien ne jouit pas de la même souveraineté que l’Etat français, l’Etat français ne jouit pas de la même souveraineté que l’impérialisme des Etats unis et que celui des grandes banques. La démocratie, comme la concurrence, exige un minimum de parité entre les différents joueurs.

Ce qui vaut pour les relations internationales, vaut pour les relations internes. La mondialisation ou l’internationalisation des économies est aujourd’hui un recadrage de la contrainte extérieure impérialiste et de ce fait une apparente suprématie du marché ; la privatisation profite aux institutions financières extérieures et intérieures : la privatisation ne procure pas les avantages attendus et apparait partout déstabilisante ; l’inadaptation croissante des administrations va, parfois, jusqu’à leur déliquescence. Ce constat est analysé comme un révélateur de l’impuissance de l’État ; révélateur de son incapacité à gérer l’ensemble du territoire ou de l’économie, révélateur de la crise de légitimité d’un État de moins en moins capable de s’imposer comme référence font aujourd’hui le constat d’une modification des modes d’intervention de l’État dans l’économie. Le droit humain des populations et des communautés, par exemple au logement, à l’eau et à l’assainissement – garanti aux termes du droit international et des engagements en matière de cible de développement souscrits lors des sommets mondiaux, notamment le Sommet du Millénaire et le Sommet mondial sur le développement durable – continue de s’éroder au profit des droits réels ou supposés de l’individu à mesure que le processus de privatisation s’approfondit et s’accélère. On parle de moins en moins de l’équilibre entre l’Etat et le privé, à travers les impôts par exemple, et davantage de l’équilibre des pouvoirs.

B.  Amine Mahfoudh considère encore, ce que nient les responsables américains eux-mêmes, qu’il y a eu le 14 janvier 2011 une véritable révolution, et non pas un coup d’Etat monté par les USA, défini « printemps arabe ». Selon L’Economiste Maghrébin, la responsable américaine des affaires étrangères Hilary Clinton aurait écrit dans son livre publié en 2014, sous le titre «Hard Choices», Choix difficiles : « Nous avons décidé, via notre ambassade à Tunis, de fermer l’espace aérien de la Tunisie dans la soirée du 14 janvier 2011. Et de faire intervenir la division des Marines stationnée dans notre base en Sicile près des côtes tunisiennes. Et ce, au cas où Ben Ali refuserait de renoncer pacifiquement au pouvoir et de quitter la Tunisie ». Hilary Clinton n’a jamais démenti, semble-t-il, les propos qui lui sont attribués.

Amine Mahfoudh écrit qu’à la suite de la révolution populaire qui a intéressé « presque tout le pays », la majeure partie des acteurs politiques, et des personnalités de la société civile s’étaient mis d’accord pour mettre fin au texte constitutionnel de 1959, et de tracer un autre parcours constitutionnel. Il a ignoré (probablement ignore) le rôle du chercheur sioniste américain Noah Feldman dans la rédaction de la Constitution tunisienne de 2014, largement responsable de l’instabilité politique en Tunisie et que le président Kaïs Saïed, à juste titre, a voulu réécrire.

Voici ce que l’on peut lire dans Kapitalis du 13 septembre 2021, sous la plume de Abdellatif Ben Salem : « Le 18 septembre 2012,NoahFeldman, auteur de «The Fall and Rise of the Islamic State», Déclin et essor de l’État islamique, se rend pour la première fois à Tunis, accompagné de l’islamiste Radwan Masmoudi, président d’une obscure officine de lobbying politique au profit d’Ennahdha dont il est membre actif. Ce centre, au nom antinomique, de Center for the Studies of Islam and Democracy (Centre d’études sur l’islam et la démocratie) est une vitrine pseudo-intellectuelle de l’Organisation internationale de Frères musulmans basée à Washington. Elle est subventionnée par le Département d’État et est proche de l’ancien congressman John Mc Cain et de l’Aipac, le lobby sioniste aux Etats-Unis.

Feldman s’entretiendra avec Rached Ghannouchi ainsi qu’avec Iyadh Ben Achour et l’historien de l’islam et intellectuel de renom Hichem Djaït. Un élu nahdhaoui de l’ANC avait précisé que lors de l’entrevue qui eut lieu le 18 septembre 2012 au domicile de Rached Ghannouchi entre Feldman et les dirigeants d’Ennahdha, étaient présents entre autres Radwan Masmoudi, Saïd Ferjani, exécuteur de basses œuvres du parti islamiste, Rafik Bouchlaka, ministre des Affaires étrangères et gendre de Ghannouchi, ainsi que Noureddine Bhiri, ministre de la Justice, et un membre actif de Freedom House dont l’identité n’a pas été divulguée.

Feldman remet au président d’Ennahdha « à titre d’ébauche d’inspiration » un projet de la future « Constitution » tunisienne rédigé en anglais et traduit en arabe. Il faudra encore deux longues années d’interminables palabres sous la coupole du Bardo pour que ces chers « Constituants » (qui se révéleront, au final, des idiots bien inutiles et nuisibles) pour pondre un texte indigeste, redondant, ennuyeux et, surtout, totalement impraticable.

Le 28 août 2013 : Noah Feldmann est de retour à Tunis. Il s’entretient d’urgence avec Rached Ghannouchi, président du bureau politique d’Ennahdha. Au cours de l’entrevue, il lui remet une copie retravaillée de la « Constitution tunisienne » en le pressant d’en tenir compte.

D’après Feldman et d’après également les think-tanks néo-conservateurs et sionistes, les islamistes et leur expression politique organisée dans l’Organisation internationale des Frères musulmans seront tout désignés pour ressusciter cet État basé sur le dogme musulman. Les révolutions arabes donneront l’occasion tant attendue à travers un détournement constitutionnel sinueux et complexe d’en asseoir la fondation. Il s’agit en d’autres termes d’un retour déguisé à un régime politique basé sur la chariâ incluant artificiellement des contenus empruntés aux démocraties libérales occidentales tels que la séparation des pouvoirs, les élections libres, le multipartisme, des droits de l’homme, les libertés publiques et individuelles, etc. (Hamadi Jebali évoquait alors dans ses discours l’avènement prochain du sixième califat) »

C. De la période transitoire à la transition démocratique. Grace à l’esprit mixte de mauvaise foi sioniste et d’acrobatie levantine, le décret portant convocation du corps électoral pour l’élection d’une ANC lui a fixé le délai d’une année pour adopter la constitution. Un premier décret N° 2011 -582 du 20 mai 2011, portant convocation du corps électoral pour l’élection de l’Assemblée nationale constituante pour le 24 juillet 2011, dispose : « L’assemblée nationale constituante se réunie, deux jours après la proclamation des résultats définitifs du scrutin par le comité central de l’instance supérieure indépendante des élections, et se charge d’élaborer une constitution dans un délai maximum d’un an à compter de la date de son élection ». Un deuxième décret N° 2011-1086 du 03/08/2011portant convocation du corps électoral pour l’élection de l’Assemblée nationale constituante pour le 23 octobre 2011, fixe le même délai à l’ANC pour élaborer la constitution dans un délai maximum d’un an à compter de la date de son élection. Cette dernière disposition du décret n’a soulevé à ce moment aucune réaction et n’a engendré aucun recours en illégalité devant le Tribunal administratif. Sur la base de ce décret, les électeurs se sont rendus le 23 octobre 2011 aux urnes pour élire leurs représentants avec la ferme conviction que ces derniers n’étaient élus que pour une année et que ces derniers n’avaient pas un blanc-seing. Le mandat avait un objet précis, l’élaboration de la constitution et avait assigné aux élus un délai pour le faire, une année à partir du jour de l’élection.  Un troisième texte est venu s’ajouter aux deux décrets déjà cités, apportant confirmation que les limitations contenues dans les deux décrets ne peuvent être transgressées. « Ce texte peut être considéré comme une sorte de modus vivendi. Il s’agit de la Déclaration sur le processus de transition, signée le 12 septembre 2011, par les plus hauts représentants, dont MM. Rached Ghannouchi et Mustapha Ben Jaafar, de onze des douze partis politiques membres de l’Instance de sauvegarde des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique qui avait élaboré et proposé au gouvernement provisoire tous les textes encadrant le processus électoral. Dans la déclaration, les signataires s’engagent à ce que « la durée du mandat de l’Assemblée Constituante n’excède pas une année au maximum afin que le pays puisse se consacrer aux questions fondamentales impérieuses, notamment, aux niveaux social et économique ».  L’engagement est on ne peut plus clair. Il a été pris au moment où le débat sur la nécessité d’organiser un referendum limitant la durée de l’ANC à une année faisait rage. Le renier aujourd’hui ou faire semblant d’en ignorer l’existence équivaut à traiter la population de manière cavalière et c’est surtout faire preuve d’absence de toute éthique politique. » (Rafaa Ben Achour, Le mandat de l’ANC expire le 22 octobre 2012 – La Presse août 2012)

Mais l’ANC n’a pas seulement dépassé le délai qui lui était imparti. Elle a également outrepassé la mission qui lui était confié. En effet, le décret portant convocation du corps électoral pour l’élection d’une ANC lui a fixé une mission bien déterminée et exclusive : doter le pays d’une constitution. Cependant, l’ANC et dès ses premières réunions a adopté une loi (dite constituante) portant organisation provisoire des pouvoirs publics qui tient lieu de petite constitution. En vertu de ce texte, l’ANC s’est reconnu la compétence de légiférer et de contrôler le gouvernement. Ce dépassement de son rôle par l’ANC, peut-être discutable, mais qualifié par une grande partie de la classe politique ainsi que par des académiciens de « coup d’Etat » n’avait pas soulevé alors l’ire d’Amine Mahfoudh.

Un premier bilan a été dressé de la mise en œuvre en pratique des dispositions de la Constitution du 27 janvier 2014, trois ans après son entrée en vigueur. La Faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis (FSJPST) s’y était employée à la faveur d’un colloque international organisé à partir du 25 janvier 2017. L’ouverture fut assurée par le président de l’Assemblée des Représentants du Peuple, Mohamed Ennaceur. Parmi les intervenants figuraient en particulier :

  • Lotfi Chedly, Doyen de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis- Université de Carthage,
  • Holger Dix, Représentant de la Konrad-Adenauer-Stiftung en Tunisie,
  • Sana Ben Achour, Professeure à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis- Université de Carthage,
  • Mohamed Salah Ben Aissa, Ancien Doyen de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis-Université de Carthage,
  • Nadia Akacha, Assistante à la Faculté de droit de Tunis- Université Tunis- El Manar, 
  • Peter Rimmele, Directeur du programme régional de la Konrad-Adenauer-Stiftung pour la promotion de l’Etat de droit au Proche-Orient et en Afrique du Nord,
  • Robert.S.M. Dossou, Ancien Président de la Cour constitutionnelle du Bénin,
  • Tania Groppi, Professeure ordinaire de droit public. Université de Sienne- Italie,
  • El Rhazi Sebhallah, Professeur de droit public et ancien membre du Conseil constitutionnel marocain,
  • Yara Jalejel, Docteur en droit public. Chercheure sur le Proche Orient,
  • Néji Baccouche, Ancien Doyen de la Faculté de droit de Sfax,
  • Chafik Sarsar, Président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections,
  • Brahim Bartegi, Professeur à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis- Université de Carthage.

Sans soulever un tollé de quelque importance contre l’un des pouvoirs mis en place, comme la critique venimeuse portée contre la dictature actuelle née du coup d’Etat 25 juillet 2021, pourtant vivement applaudi par l’ensemble des tunisiens en dehors d’Ennahdha et du PDL. Amine Mahfoudh reconnait lui-même que le régime qui était mis en place était un régime « fermé » non réformable de l’intérieur. Amine Mahfoudh cite Georges Bernanos pour nous rappeler combien le concept de démocratie est inflationné. Du reste, c’est tout comme l’équilibre des pouvoirs, les droits de l’homme, le droit international, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, les guerres humanitaires, etc. Amine Mahfoudh passe sous silence la nature du droit intimement lié à l’armistice provisoire dans la lutte des classes. Ainsi l’occupant israélien devient l’unique démocratie du Moyen Orient. La contradiction dans les termes passe sous silence. Au contraire, les élections politiques prochaines en Tunisie deviennent chargées d’un risque de tyrannie et nous éloignent du rêve de démocratie, après la glorieuse période de transition démocratique islamiste sioniste.

رجال صادقون

Bouraoui R’gaya : De son journal Une vie-Un rêve

« Une vie-un rêve في نسخة أنيقة وطبعة متميزة،أصدر السيد بوراوي رقية وهو من كبار المسافرين في العالم ورجل فكر وفن مجلة تحمل عنوان « حياة-حلم

هذه المجلة إستعرض فيها صاحبها جملة من رحلاته الكثيرة وتحدث عن ذكرياته وهو طفل في مدينة قصر هلال وعن دراسته الإبتدائية والثانوية والعليا من خلال هذه السيرة الذاتية تناول السيد بوراوي رقية جملة من الأحداث الإقتصادية والثقافية وذلك دون أن ينسى أصدقاءه الكثيرين من مختلف المشارب والإتجاهات سواء كانو من رجال الأعمال أو الفنانين والمثقفين وقد أراد صاحب النشرية أن يعتمد أسلوب التراكم والمراكمة فجاءت المجلة ثرية بالأحداث ثراء تجربة صاحبها في السفر والتجوال عبر العالم.وبإعتبار أهمية مؤسسة علي الشايب للعلوم والثقافة والإعلام في المشهد الثقافي بجهة الساحل خصوصا فإن صاحب النشرية السيد بوراوي رقية وكذلك لقدم الصداقة التي تربطه بالسيد علي الشايب فإنه أحدث في المجلة فقرة تحدث فيها عن المؤسسة التي تعتبر من حيث الشكل القانوني جمعية ولكنها في حقيقة الأمر هي مؤسسة قائمة بذاتها ساهمت وتساهم في إعلاء شأن العلم والثقافة في جهة الساحل عموما وقد عبر السيد بوراوي رقية في الفقرة اللطيفة التي خصصها لمؤسسةالسيد علي الشايب عن عميق تشكراته وإعجابه بالعمل الذي تقدمه وتحدث عن المقر الذي أقامه السيد علي الشايب للمؤسسة في مدينة جمال كشاهد على تعلق جيل الإستقلال الأول بالثقافة والعلم.

فتحية شكر بدورنا نتقدم بها للسيد بوراوي رقية على حسن عنايته وتواصله مع مؤسسة علي الشايب للعلوم والثقافة والإعلام.

2Zouhaier Abbes et Sami Ammar