Mohamed Sayah:la richesse d’une vie et l’honnêteté d’un parcours

 

Faites un jeu: prononcer le nom de Mohamed Sayah où vous voulez en Tunisie (en ville ou en compagne), il déclenche toute une gamme de commentaires:, intelligent, autoritaire, rusé , incorruptible, taravailleur,compétent, adepte du parti unique… mais celui qui revient constamment dans la bouche des locuteurs: fidèle à ses idées et patriote. Ces qualités apparaissent comme un trait de caractère particulièrement prégnant de l’homme (Mohamed Sayah).

Il fut directeur du parti socialiste destourien (PSD),ministre dans des secteurs différents et surtout biographe de Bourguiba. Mais était-il « programmé » pour ce destin? »Tout était déjà en moi », me confia-t-il un jour. Mohamed Sayah est un homme politique qui a sans conteste fait l’histoire de son pays . On ne peut analyser ou réfléchir l’époque bourguibienne sans que son nom ne soit cité. De cette continuité, l’homme a tiré une notoriété qui lui a certainement attiré aussi bien de l’animosité que de l’admiration.

Mohamed Sayah a été un des plus proches collaborateurs du Président Bourguiba , il a côtoyé l’homme pendant plusieurs années, il lui a consacré un certain nombre d’ouvrages à travers lesquels il a analysé non seulement l’œuvre , les idées et l’action , mais également « l’être » lui-même .De cette filiation naît une admiration. Admirer c’est s’étonner. Toutefois, il faut distinguer deux sortes d’admiration, celle qui est perte de l’être  et celle qui est croissance de l’être .

Il ya une admiration qui n’est qu’hébétude et comme une invasion de l’autre en nous et une autre admiration qui ne détruit pas la personnalité qu’elle épanouit; elle ne tue pas la liberté qu’elle exalte. Dans ce cas, l’admiration pour le modéle,C’est la réalisation du meilleur en soi. C’est cette dernière catégorie d’admiration qui correspond le mieux au rapport que Mohamed Sayah a établi avec le père de l’indépendance tunisienne. Il ne s’agit point de contemplation passive, mais d’une adhésion à un projet politique et un profond respect pour l’homme. Aussi , ne faut-il pas parler chez lui d’une admiration automatique , mais d’une d’admiration inventive. Actualisation et transmission constituent la matrice de cette attitude. Pa là , se dégage ce qui fait l’admiration de l’admirateur lui-même .

Mohamed Sayah est un homme de principe. Le lien qu’il avait tissé pendant toute une vie avec Bourguiba dépasse de loin la simple collaboration politique. C’est une relation qui ne peut être vécue qu’en fonction de la filialité et qui ne doit rien à un rôle ministériel. Il y a dans cette relation une forme de croyance en la justesse du projet bourguibien et son adéquation avec les attentes des Tunisiens. Ainsi, il est mû par des mobiles indissociablement politique et affectifs. Cette attitudes ,qui tient compte à la fois du présent et de l’avenir, veut empêcher qu’on usurpe et qu’on souille le projet. Le régime de Ben Ali est né du parricide, il s’est fondé sur la mise à mort du père (de la nation).

Et pour l’ancien ministre, cet avenir ne peut se construire que par un détour obligatoire au projet bourguibien qui demeure dans ses grandes lignes d’une grande acuité. Il faut alors rendre le bourguibisme un recours inévitable pour une Tunisie en crise d’identité.

Dans ce domaine, l’honnêteté intellectuelle, la sérénité de culture et de comportement qui caractérisent Mohamed Sayah fond de cet homme la fierté de ceux qui ont travaillée avec lui , de ceux qui l’ont soutenu, de ceux qui l’ont politiquement combattu, de sa famille politique, de sa famille intime grande et proche, de son épouse et ses enfants et ses petits-enfants qui par pudeur ont choisi la discrétion et de son petit village bouhajar où il suffit de prononcer le nom pour que les sourires s’affichent et les têtes se redressent. De tous les dons qui s’étaient épanouis en lui, il a préservé, malgré les honneurs et les responsabilités, la vertu de la simplicité .Par sa vie et son œuvre , Mohamed Sayah constitue l’incarnation d’une Tunisie généreuse, riche et féconde. » que la force soit avec vous », Si Mohamed.

J.S(professeur de droit public)

 

 

 

 

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