Histoire d’un patriote exceptionnel: Ali Belahouane, le grand « leader de la jeunesse »

Fervent patriote, intègre et franc, Ali Belahouane était un brillant intellectuel, un orateur de talent et l’un des leaders les plus influents du mouvement national. Il restera à jamais l’un des plus prestigieux personnages de la Tunisie moderne.

Né le 13 Avril 1909 , à Tunis, Ali Belahouane eut une enfance studieuse et appris très jeune le Coran ainsi que les régles élémentaire de la langue arabe. Après de brillantes études primaires à l’école « kheireddine_pacha » et l’obtention , en 1924 de son certificat, il poursuivit ses études au collèges Sadiki.

A cette époque-là, le jeune Ali avait été témoin de plusieurs événement qui avaient participé de développer sa conscience national et patriotique, dont les manifestations contre l’érection à Bab B’har , en 1924 de la statue du cardinal de Lavigerie, l’état de siège imposé à l’occasion du procès du leader du syndicalisme tunisien M’hamed Ali El Hammi en 1925 , la réaction nationale contre la tenue, en 1930 du congrès eucharistique, et le procès du groupe de « La voix du Tunisien », en 1931.

En 1931, il rejoint les amphis de la Sorbonne, à Paris, pour y obtenir, en 1934, son agrégation en philosophie et lettres arabes. Entretemps Ali Belahouane avait soutenu les congrès organisé, en 1932 à Tunis par le Cheikh Ahmed Bayram, chef du rite hanafite, pour défendre la langue arabe contre ceux qui prétendaient qu’elle n’avait aucun avenir. Il avait aussi soutenu le grand réformiste et syndicaliste, Tahar Haddad, contre ses détracteurs.

Au cours de son séjour parisien, il prit part à la lutte contre le colonialisme au sein de l’Association l’Etoile de l’Afrique du Nord (Aean- Fondée en France en 1926) ou’ il se distinguera par la qualité de son enseignement et la perspicacité des débats qu’il suscitait auprès de ses élèves. Il s’y distinguera aussi par fougue patriotique et son art oratoire.

Sans hésiter , il rejoint les rangs du Néo_Destour ratissèrent le pays pour mobiliser le peuple.

Belhaouane s’illustrera deux fois au cours de ces événements.

D’abord en conduisant l’une des deux manifestations du 8, décidée par le Néo-Destour (une grève générale a été également décidée).

La seconde manifestation était conduite, elle, par le leader Mongi Slim.

Ensuite en provoquant indirectement un attroupement houleux à Bab B’net , à Tunis le 9, devant le Palais de justice , car convoqué à comparaître devant le juge d’instruction pour son rôle dans la mobilisation du peuple la veille. Lâchement, les forces de l’occupation ouvrirent le feu et ce fut le massacre.

Massacre qui coûta la vie à 21 martyrs , selon un bilan officiel, en plus des 150 blessés (près de 200 selon le Néo-Destour). Dix femmes seront arrêtées et se verront infliger des peines allant de 15 à 30 jours de prison. Cela à côté des milliers de leurs concitoyens à fort St-Nicolas, les leaders ne seront libérés qu’en décembre 1942.

Partout, il dérangeait

De retour en 1943 au pays, Ali Belahouane poursuivit son combat contre l’occupation en multipliant articles et conférences sans oublier les meetings populaires un peu partout dans le pays et participa activement , ainsi à reformer les rangs du parti.

Dans ses écrits et ses discours, Belahouane prônait le rationalisme, les idées réformistes des grands penseurs de l’Islam et insistait surtout sur le fait que les Tunisiens forment une nation, d’ou’ son livre-phare « Nahnou oummah » (Nous sommes une nation).

A l’issue du congrès du Néo-Destour , en octobre 1948, il sera élu membre du bureau politique du parti.

En 1951, et pour lui éviter une nouvelle arrestation, le parti le chargea d’aller défendre la cause tunisienne auprès des pays arabes. Il fit un premier séjour au Caire puis un second, en 1952 à Bagdad.

Au cours de ses deux séjours, il se distingua par son éloquence et par la pertinence de ses idées et de ses positions. Au Caire, il put prendre part aux activités du Bureau du Maghreb arabe, et à Bagdad il rédigea son fameux livre « Tounés Eththé’ira » (Tunisie, la révoltée).

Au cours du conflit ayant éclaté, en 1955, entre Ben Youssef et Bourguiba, à propos de l’autonomie interne et qui dégénéra en une quasi-guerre civile, il se range du côté de ce dernier en renforçant sa position lors du congrès du parti, tenu à Sfax en 1955 . Assises qui avaient décidé, entre autre, l’exclusion du leader Salah Ben Youssef qui était à l’époque secrétaire général du parti.

Elu constituant, Ali Belahoune y sera chargé de la fonction de rapporteur général de la rédaction de la Constitution, Ai Belahouane y sera chargé de la fonction de rapporteur général de la rédaction de la Constitution(elle sera promulguée le 1 er juin 1959).

Il y défendra avec acharnement l’abolition de la monarchie et fit partie de la commission qui a été chargée d’annoncer sa déposition le 25 juillet 1957 au bey Lamine 1 er. Encore sur le plan international, Ali Belahouane fit partie en 1956 de la délégation tunisienne ayant pris part aux travaux de l’Assemblée générale de l’ONU, à New-york. En 1957, il présida la délégation ayant pris part au congrès afro-asiatique , tenu au Caire , et prit part aux travaux de la fameuse conférence de Tanger (Maroc) pour le Maghreb arabe, en avril 1958.

Bealhouane pensait qu’il sera chargé du portefeuille de l’Education mais le président Bourguiba en avait voulu autrement. Ce qui laissa une amertume au fond du « leader de la jeunesse ». Il serra chargé à partir du 5 mai des fonctions de maire de Tunis.

Le 10 mai 1958, au matin et lors d’une réunion avec Bourguiba, ce dernier a été un peu dur avec lui et lui imposa le changement du secrétaire général de la mairies. Bealhouane ne se laissa pas faire. En quittant les lieux, il était plein de dépit et vers 15 heures il sera foudroyé par une crise cardiaque. Il sera inhumé le lendemain au Jellaz.

Foued Allani

La presse Magasine

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